« Plusieurs études montrent que les étudiants choisissent leur entreprise sur des valeurs RSE, je veux que ce soit la même chose pour leur école », déclare Fabrice Vigreux, directeur stratégique du Collège de Paris, et directeur des deux nouvelles écoles « éco-responsables » du groupe : Ecor et Ecar.
Il revient pour News Tank, le 03/07/2023, sur la création de ces deux établissements qui ouvriront à la rentrée 2023 à Villeneuve-d’Ascq, près de Lille, et à Paris Nanterre Université. Les deux écoles délivreront des titres enregistrés au RNCP aux niveaux 6 et 7 pour Ecor et des titres de niveau 3 et 4 pour Ecar.
« Ecor est une école de commerce. Nous avons deux bachelors : Manager commercial responsable et Ressources humaines responsable ; ainsi que deux MBA : Manager stratégie responsable et Management des ressources humaines responsable.
Pour Ecar, nous ouvrons une formation de secrétaire assistant médico-social. Avec ce deuxième parcours, nous touchons les cabinets dentaires, les centres de radiologie, les cabinets médicaux, etc… Nous sensibilisons les médecins au début du changement. »
Il précise : « Nous avons 25 % de cours verts, qui traitent du développement durable, de la géopolitique, etc… L’objectif est d’arriver à proposer un monde meilleur, tout en maintenant la croissance du chiffre d’affaires des entreprises : trouver des solutions pour moins polluer et conserver les marges. »
Nous sommes principalement une école en alternance. Mais nous avons une charte qui nous impose de ne travailler qu’avec des entreprises vertueuses."
« En créant Ecor et Ecar, je voulais atteindre toutes les couches sociales »
Quelle est la genèse d’Ecor/ Ecar ?
Je suis dans le monde des écoles depuis 15 ans et directeur du développement stratégique du Collège de Paris depuis janvier 2016. Au sein du groupe, nous avons beaucoup d’écoles dans des secteurs d’activités différents.
J’ai une école en propre qui s’appelle Exchange College : grâce à elle, je suis fier de contribuer à créer de la richesse pour la France, j’emploie des gens, je forme des étudiants à un métier d’avenir, mais je voulais aller encore plus loin. Les récents événements m’ont interpellé : les feux de forêt, le réchauffement climatique…etc. La liste est longue. J’ai des enfants et je n’ai pas envie qu’ils vivent dans ce monde-là.
« C’est en touchant un maximum de monde que nous convaincrons »
En créant Ecor et Ecar, je voulais atteindre toutes les couches sociales. C’est pourquoi j’ai créé une école de commerce éco-responsable - pour les cadres et dirigeants de demain - et à côté une école d’assistanat éco-responsable.
C’est en touchant un maximum de monde que nous convaincrons. Comme le dit Nelson Mandela : “l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde.”
Quel est donc le concept derrière ces deux écoles ?
Ecor est une école de commerce. Nous avons deux bachelors : Manager commercial responsable, et ressources humaines responsable ; ainsi que deux MBA : Manager stratégie responsable et Management des ressources humaines responsable.
Nous avons 25 % de cours verts, qui traitent du développement durable, de la géopolitique, etc… L’objectif est d’arriver à proposer un monde meilleur, tout en maintenant la croissance du chiffre d’affaires des entreprises : trouver des solutions pour moins polluer et conserver les marges.
« Nous refusons de travailler avec des entreprises polluantes en alternance »
Ecor a un ADN fort, qui passe par des locaux de haute qualité environnementale. Les produits d’entretien sont bio, les plats disponibles dans les distributeurs automatiques sont bio et locaux. Nous inscrirons même l’empreinte carbone sur la nourriture. Nous sommes principalement une école en alternance. Mais nous avons une charte qui nous impose de ne travailler qu’avec des entreprises vertueuses. C’est pourquoi nous refusons de travailler avec des entreprises polluantes en alternance, nous ne cautionnerons pas leur greenwashing.
Pour Ecar, nous ouvrons une formation de secrétaire assistant médico-social. Avec ce deuxième parcours, nous touchons les cabinets dentaires, les centres de radiologie, les cabinets médicaux etc… Nous sensibilisons les médecins au début du changement. Nous attaquons les professions libérales.
Nous organisons une semaine de sensibilisation à la transition écologique avant la rentrée, où nous fournirons les fondamentaux de connaissances écologiques à nos étudiants. Nous organiserons des masterclass avec des entrepreneurs, des spécialistes de l’énergie et du climat, la fresque du climat…. Elles seront diffusées en live sur internet. Le but est que les deux écoles se sentent investies et s’approprient la démarche.
Comment se déroulera la gouvernance au sein de ces deux écoles ?
Plusieurs études montrent que les étudiants choisissent leur entreprise sur des valeurs RSE, je veux que ce soit la même chose pour leur école. Nous allons donc avoir un comité d’impact qui se réunira deux fois par an pour fixer des objectifs d’amélioration. Il sera composé de six personnes, que je suis actuellement en train de rencontrer. Il y aura notamment le P-DG d’Ecotree, entreprise qui nous permet de planter un arbre pour chaque diplômé. J’aimerais que ce comité soit paritaire.
« Un comité d’impact qui se réunira deux fois par an »
Les deux écoles sont en réalité une seule et même structure juridique, mais ce sont deux marques différentes parce qu’il ne s’agit pas du même public. Concernant la gouvernance, nous décidons à deux avec Olivier de Lagarde, président du Collège de Paris. Il me fait confiance et est emballé par l’idée.
Pour ce qui est du lien avec le Collège de Paris, nous organisons régulièrement des rencontres entre directeurs : ensemble, nous trouvons des idées, partageons des conseils, envisageons des perspectives…
Nos formations sont titrées RNCP et reconnues par le ministère du travail. Nous devons donc nous adapter aux demandes des entreprises et retravailler notre pédagogie, en fonction de la durée du titre. Nous avons récupéré des titres du Collège de Paris et retravaillé les contenus des cours pour y incorporer 25 % de contenus verts. C’est ma directrice pédagogique, Justine Bellu, qui s’en charge. Pour ce faire, elle s’est basée sur 17 ODD de l’ONU, et sur les six missions France 2030.
Comment l’école est-elle financée ?
L’école se fera en alternance pour la plupart des étudiants. Nous sommes donc financés par les Opco, les entreprises ne paient que le surplus.
Pour Ecor, les frais de scolarité s’étendent de 8 000 €, pour la troisième année de bachelor, à 11 000 € pour chaque année de MBA. Les formations sont à 5 000 € l’année pour l’école d’assistanat.
Pour la rentrée 2023, nous attendons :
- 60 étudiants à Paris et 60 à Lille pour Ecor ;
- 30 étudiants à Paris et 30 à Lille pour Ecar.
Quels profils d’élèves souhaitez-vous recruter ?
Nous n’avons pas de typologie d’élèves. C’est davantage une question d’adhésion à notre projet sociétal. Il faut que l’école soit le chemin pour arriver à ce qu’ils souhaitent, en matière de travail mais aussi de salaire.
Cette année, nous n’étions pas sur Parcoursup. Cependant, comme nous envisageons d’ouvrir des BTS assistant gestion et assistant manager, nous serons obligés d’être sur la plateforme. Pour ce faire, il nous faut un CFA rectorat. Nous avons déposé un dossier, mais nous en avons pour sept à huit mois minimum de traitement.
« Ouvrir des BTS »
Pour cette première année de recrutement, nous avons en tout eu 2 000 candidatures globales (y compris ceux qui se sont inscrits mais n’ont pas terminé la procédure). Actuellement, les candidats sont à la recherche d’une alternance. Avec ce modèle, tout se cale de juillet à septembre.
Tous nos parcours sont alternance, mais il est possible de les faire en initial également. Ceux qui auront choisi l’initial pourront effectuer des stages tout au long de l’année. Le but reste de les basculer en alternance quoi qu’il arrive, car c’est un tel facteur d’inclusion sociale.
Où seront situées ces deux nouvelles écoles ?
Nos campus sont situés à Villeneuve-d’Ascq et Paris Nanterre Université. Nous sommes locataires longue durée pour les deux campus. Les programmes seront les mêmes partout, mais les étudiants choisissent où ils veulent aller.
Pour notre campus de Nanterre, nous serons situés sur le plus grand complexe immobilier d’entreprise en bois de France. Nous y avons au moins 500 m2, et avons vocation à avoir 1 000 m2 très vite.
« Nous avons minutieusement réfléchi aux lieux »
Le campus de Lille correspond à celui qui héberge déjà Exchange College et Digital College. 500m2 seront également dédiés à Ecor/ Ecar. Nous partons sur ce format pour les deux premières années. Si les écoles grossissent vite, il faudra probablement envisager une nouvelle répartition.
Dans les deux cas, nous avons minutieusement réfléchi aux lieux. On ne peut pas se prétendre être une école écolo et être dans un bâtiment passoire thermique, sinon cela devient du greenwashing.
Rares seront les professeurs qui enseigneront à Paris et à Lille, même si ce n’est pas exclu. Nous faisons donc deux recrutements. Nous aurons une vingtaine de professeurs au total.
Il existe déjà au sein du Collège de Paris deux écoles de commerce, Exchange College et Ascencia BS. Pourquoi ne pas plutôt incorporer des cours RSE à ces deux institutions existantes ?
Exchange, Ascencia et Ecor n’ont le même ADN, ni les mêmes valeurs. De plus, ce ne sont pas les mêmes étudiants. Ça me plait également de repartir sur un nouveau projet.
« Le Collège de Paris est intéressé par l’Afrique »
Nous avons prévu de monter un programme commun en 2024 entre Exchange et Ecor, sur de la finance verte pour un programme MBA. Nous discutons avec d’autres écoles du groupe pour éventuellement monter d’autres partenariats, même pour des mutualisations de locaux. Je n’exclus rien, je suis monsieur projet !
En termes stratégiques, le Collège de Paris est intéressé par l’Afrique, nous croyons en ce continent et en sa matière grise.
Dans quelles mesures ces écoles incorporeront-elles la dimension numérique à leurs enseignements ?
Pour réduire l’empreinte carbone de l’école, nous aurons une journée de cours toutes les trois semaines en distanciel. Nous ferons calculer notre empreinte carbone sur un an, et nous ajusterons en conséquence.
« Nous sommes une école zéro papier »
Quoi qu’il en soit, le digital est inhérent à notre vie. Nous aurons notamment des salles informatiques. Et nous sommes une école zéro papier. Tout ce qui ne doit pas être imprimé ne le sera pas, nous passerons par la digitalisation.
À long terme, avoir des programmes visés ou gradés est-il un objectif pour ces écoles ?
Il faudra passer par là à un moment donné, pour de raisons stratégiques. Cela permet de rassurer les étudiants sur la qualité de nos diplômes, mais pour nous, c’est seulement une norme : il faut entrer dans les cadres.
« 95 % du privé est du bon privé »
Concernant la question de la régulation du privé, il y a un lobbying des universités et des grandes écoles pour faire du mal aux écoles privées, qui prennent trop de place dans l’écosystème. Le RNCP est un titre d’état. Les contenus pédagogiques sont validés par des entreprises et le ministère du travail.
, j’attends les conclusions. Les histoires comme celles des faux bachelors délivrés par l’école supérieure occitane font beaucoup de mal aux bonnes écoles privées lucratives, et dans ce cas-là, c’est important de réguler. Cependant, si c’est pour taper sur le privé, ça n’est pas intéressant, et ce n’est pas une concurrence saine. Il faut réguler le mauvais privé, mais 95 % du privé est du bon privé.
« Un environnement éco-responsable » pour les étudiants
Selon le Collège de Paris, « les futurs apprenants pourront étudier dans un environnement éco-responsable grâce à la mise en place des dispositions suivantes au sein des deux écoles :
• un objectif zéro papier et tout recyclable : le tri sélectif est instauré dans chaque classe, avec la poursuite d’un objectif zéro papier et tout recyclable ;
• des campus installés dans des locaux labellisés HQE (Haute Qualité Environnementale) biosourcés : cette certification atteste de l’impact limité des lieux concernés sur l’environnement. Aussi, les produits d’entretien utilisés dans les locaux sont éco-responsables et l’éclairage est de basse consommation ;
• un impact carbone zéro avec une vie étudiante engagée : zéro papier, tri sélectif dans les classes, des distributeurs proposant des produits bio, etc. ;
• les entreprises vertueuses qui accueilleront les étudiants devront disposer d’un programme RSE impactant.
• un arbre sera planté par étudiant diplômé. »